Le sportif que vous avez été aime-t-il la pétanque ?
Cela va peut-être vous surprendre, mais c’est l’un des sports que je pratique le plus. Je joue en vacances, en famille, avec mes enfants et mon beau-père, en fin d’après-midi ou le soir. C’est devenu un rendez-vous quasi-quotidien.
Quel plaisir y trouvez-vous ?
C’est une activité intergénérationnelle et familiale par excellence. Mes enfants ont entre dix et quinze ans, mon beau-père la soixantaine, et nous jouons tous ensemble. Bien sûr, ce n’est pas de la compétition mais nous avons toujours envie de gagner, en passant un bon moment.
Vous pratiquez encore des activités sportives ?
Le fait de pouvoir s’entraîner régulièrement, ça n’a pas de prix pour la santé ou pour l’équilibre. Quel que soit le sport, d’ailleurs. Cela aère l’esprit, fait côtoyer d’autres populations, des relations, des amis que vous n’auriez pas le temps de voir ailleurs.
Comment avez-vous vécu votre passage en politique ?
Tout comme dans une compétition sportive, il est vrai qu’il faut "faire ses classes" pour ensuite être légitimement reconnu en fonction des actions et des projets que l’on a pu mener à bien.
Qu’est ce qui vous a donné envie d’aller vers cette voie ?
Sans aucun doute ma rencontre avec Jacques Chirac. En 1984, ce dernier est venu me voir gagner ma première médaille d’or aux JO de Los Angeles. Il apprécie beaucoup les sportifs. À la fin de ma carrière, en 1992, il m’a alors contacté pour un poste de conseiller. À l’époque, j’étais kinésithérapeute, mais je n’ai pas hésité et j’ai plongé dans l’espace politique l’année suivante. Et je ne l’ai pas quitté depuis.
Existe-t-il des points communs entre politique et sport de haut niveau ?
Ils sont nombreux. Dans la préparation d’un grand rendez-vous comme d’une compétition sportive, vous n’êtes jamais seul. Vous êtes entouré d’une équipe, vous la respectez, vous partagez les compétences de chacun et, au final, vous construisez votre parcours grâce aux autres. Dans la joute, le combat politique ressemble un peu au combat sportif.
Et les différences de fond ?
Dans une compétition sportive, à un moment donné, vous vous retrouvez face à un adversaire. Vous gagnez ou perdez, mais il y a un contact, presque un corps à corps. Vous exprimez votre talent sans intermédiaire. En politique, ce sont les électeurs qui déterminent le résultat. Il n’y a de la place que pour le vainqueur. En sport, le fait de monter sur un podium est déjà une reconnaissance. En politique, il y a un vainqueur et un vaincu. Point.
Quel rôle peut jouer la pétanque dans la politique sportive ?
C’est un réseau en développement, qui assume une place grandissante et bien structurée dans l’organisation du sport en France. Lors de mon passage, j'avais d’ailleurs mis à disposition un cadre technique, ce qui n’était pas le cas précédemment, même s’il y avait bien sûr un DTN. J’estime qu’on doit reconnaître ce développement à sa juste valeur.
Pensez-vous que les clubs ont un rôle à jouer dans le lien social ?
C’est évident, nous l’avons constaté dans la crise des quartiers. Il faut que les clubs sportifs prennent leur place avec des éducateurs qui sachent appréhender une population de jeunes en mal de repères. Mais la F.F.P.J.P. a un rôle à jouer, car on parle d'un sport intergénérationnel par excellence. Rares sont les disciplines où l’on peut rassembler à peu près
tous les âges au même endroit, autour d’une même passion. Pour moi, c’est crucial.
Repères
1984 : première médaille d’or olympique au sabre. Il récidive quatre ans plus tard
à Séoul. Il a remporté 13 fois le titre de champion de France au sabre (un record).
1993 : après avoir raccroché son sabre,
Jean-François Lamour entre dans l’équipe
de Jacques Chirac à la mairie de Paris, comme
conseiller technique chargé de la jeunesse
et des sports.
1995 : il suit Jacques Chirac à l’Elysée,
en charge de la jeunesse et des sports.
De mai 2002 à mars 2004 : ministre des Sports.
De mars 2004 à mai 2007 : ministre de la Jeunesse, des sports et de la vie associative.
Depuis juin 2007 : député de Paris.
Depuis mars 2008 : élu à la présidence du groupe UMP et apparentés au Conseil de Paris.