Existe-t-il aventurier assez fou pour mener à bien réalisations aussi saugrenues que méchoui sur la banquise, congrès aux Kerguelen, grand prix de Formule 1 aux Marquises, corrida en Inde ou randonnée en Afghanistan ?
Je le confesse : j’en ai longtemps douté avant de rencontrer, à l’ombre du chêne où Saint-Louis rendait la justice, à Vincennes, le romanesque Azdine Ben Yacoub, un ancien marathonien (2h28 min) originaire de Djerba la Douce. Cette "île au sable d’or" de Flaubert où, selon l’écrivain, "l’air est si doux qu’il vous empêche de mourir". Comme Louis IX dans son château vincennois, ce troubadour de la restauration a installé son établissement, Le Méditerranée, dans cette commune du Val-de-Marne, en bordure de Paris.
L’homme contre le cheval
Toujours en quête d’un nouveau projet farfelu, le bonhomme s’est mis en tête de partir à son tour en croisade, de l’autre côté de la Grande Bleue, à l’endroit même où le réalisateur américain George Lucas a monté sa Guerre des Etoiles. Pour Azdine, il sera seulement question d’une guerre du cochonnet qui s’engagera avec le Tournoi du désert de pétanque, une première mondiale que ce petit fils de pêcheur met sur pied du 5 au 8 novembre prochain, dans le havre mauresque de Tozeur, berceau d’Abou el Kacem Chebbi (le Arthur Raimbaud tunisien), une ville de 30 000 âmes située à 450 km au sud-ouest de Tunis, la capitale.
A 45 ans, ce célibataire a ainsi projeté de s’acoquiner avec la Fanny… S’agirait-il d’un autre personnage que tous les doutes seraient encore permis quant à la réussite de son entreprise dans les sables africains. Mais celui-là cultive l’art de la suite dans les idées et parvient toujours à ses fins.
Organisateur de galas de boxe et président de la section correspondante de l’US Fontenay, n’a-t-il pas fait signer sa première licence au jeune couronné olympique de Sydney, Brahim Asloum ? Ne règle-t-il pas, avec doigté, le marathon des Oasis et le semi-marathon de Djerba, ou encore l’incroyable défi lancé au cheval Jappeloup (et perdu) en 1990 par le recordman de France du 100m d’alors, l’athlète Daniel Sangouma ?
Ne mobilise-t-il pas, chaque année, des dromadaires sur le passage des concurrents du marathon de Paris ?
C’est lui, enfin, qui perpétue le devoir de mémoire en rallumant chaque année la flamme du boxeur Young Perez (de son vrai nom Victor Younki), né à Tunis, et champion du monde poids mouches dans les années 30, avant d’être exterminé dans les camps nazis.
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A cet humaniste (photo ci-dessus), rien d’impossible dès lors qu’il est aiguillonné par un esprit de concorde entre les hommes de bonne volonté. "Cette création, par delà les mers, cimentera un rapprochement culturel et convivial de nos deux mères patries avec la complicité d’un sport populaire qui vient de célébrer son premier centenaire", glisse le maître d’œuvre.
Sous tous les aspects, cette escapade dans le désert ne sera d’ailleurs pas un bond en terre inconnue, puisque la Tunisie, avec Khaled Lakhal et les frères Lakili, Tarek et Abderraouf, a été sacrée championne du monde en 1997 à Montpellier, aux dépens de la France (Miléi, Briand et Radnic). "Elle s’apparentera à un Dakar des boules, mais en plus écologique et fraternelle". Avec un prologue lancé dans l'enceinte du château de Vincennes le 11 octobre. On avait dit atypique ?