Avant la finale du 60e Midi Libre, le 21 juillet à Nîmes, Réné Macari peinait à trouver les mots. Le rideau venait de tomber pour l'ami Bonfort qui, de là-haut, savourait "sa" standing ovation posthume.
Raoul rêvait de mourir sur un jeu de boules, mais c'est d'une maison de retraite qu'il a lancé son dernier tango, laissant orphelin le provençal. Son décès marque la fin d'une époque à part, pimentée par ses personnages hauts en couleurs.
Il reste le souvenir et les images. Celles, fabuleuses, d'un artiste dessinant des ronds en forme de coeur, bien avant les cercles en plastique. Raoul jouait avec passion et respect du jeu, pour et avec le public. Car ce champion aimait le spectacle.
Rendez-vous au paradis
Lui qui, sur le terrain, avait adopté le canotier de son ami Maurice Chevalier, refusa, pour sa mère, de monter à Paris et fut durant trois saisons tête d'affiche dans une revue du cabaret de Tramoni à Marseille.
Avec son physique à la Fred Astaire, le bonhomme dansait tout autant sur les jeux, aérien, léger, élégant dans son geste et ses réparties fines et jamais vulgaires. Auteur de deux livres où Dédé, Néné ou Passo avaient leur place, ses yeux avaient fini par le trahir au point de ne plus pouvoir lire et écrire.
Dans un texte "vieillir, c'est un peu mourir", il donne rendez-vous au paradis à Macari et, n'en déplaise aux grincheux qui tancent le côté "pagnolesque" des boules, avec Raoul : elles vivaient, pour le régal de spectateurs charmés ou excédés.
"La galerie nous aidait à trouver de l'énergie", aimait-il rappeler. "Surtout si elle était contre nous..." Le poète au physique longiligne est parti, pour s'installer dans la légende. Celle où l'homme dépasse son propre palmarès.